L’épaule : le grand traumatisme du poloïste

Un grand merci à Arnaud BARRIÈRE, joueur de Water-Polo du NC Saint Jean d’Angély et ancien international jeune, qui est aujourd’hui Kinésithérapeute de profession et qui continue à jouer, en parallèle, en Nationale 1. Arnaud nous parle, dans cet article, d’une des blessures les plus répandue dans notre sport : l’épaule.

Comme tous les autres sports de lancer, le water-polo peut être l’un des sports les plus traumatisants pour l’articulation de l’épaule, en effet les gestes répétés, un mauvais positionnement, un défaut de mobilité, l’absence de préventions et/ou de renforcement spécifique sont tout un tas de facteurs aggravant le risque de lésions.

Lors du geste du tir, malgré la haute vélocité du mouvement, un manque de congruence articulaire et un appareil capsulo-ligamenaire plutôt lâche, l’épaule conserve un bonne stabilité grâce à un équilibre biomécanique. Ce dernier est permis par une action musculaire régulée par un système complexe : la proprioception (capacité du cerveau humain à reconnaitre la position du corps dans l’espace).

Quels types de lésions pouvons-nous trouver dans notre sport?

Les pathologies intra-articulaires : les lésions interviennent sur la capsule articulaire, le bourrelet glénoïdien et le cartilage.
Les pathologies de la coiffe des rotateurs : les lésions touchent les tendons. Ce sont les tendinopathies, les ruptures partielles et complètes de la coiffe des rotateurs.
Les pathologies des articulations « annexes » comme l’acromio-claviculaire, la sterno-claviculaire et la scapulo-thoracique.
Les lésions neurologiques.
Les instabilités.

Ce qui nous intéresse en tant que sportif c’est comment éviter l’apparition de ces lésions. Une routine d’échauffement avant chaque entrainement dans l’eau ou hors de l’eau, ne peut être que bénéfique pour le poloïste avec l’aide de bandes élastiques notamment afin de travailler chaque groupe musculaire. Le but de la prévention est tout simplement d’enrayer le possible cercle vicieux amenant du micro-traumatisme répété à une réelle pathologie. En plus d’un programme de renforcement spécifique des muscles stabilisateurs d’épaule, il est fortement conseillé d’intégrer dans les entrainements une série d’exercices proprioceptifs afin d’améliorer, non pas la force, mais le recrutement musculaire.

Il sera important également d’équilibrer le ratio rotateur interne / rotateur externe puis d’effectuer un renforcement des muscles stabilisateurs de la scapula. La correction du geste technique aura son rôle à jouer dans la prévention tout comme les étirements. Lors de la pratique du water-polo, que ce soit lorsque l’on nage ou lors du tir, nous travaillons surtout les muscles antérieurs du tronc, ce qui, à terme peut entrainer une attitude morphologique pouvant évoluer vers une bascule antérieure des épaules. Cela peut être propice à l’apparition de blessure.

En tant que kiné nous réaliserons notre bilan clinique avec des tests permettant de connaitre la ou les structures atteintes. Nous rechercherons également les facteurs favorisant l’apparition de pathologies.

En effet comme on vient de le dire, le nageur a classiquement une attitude en cyphose dorsal (dos rond) ainsi qu’une fermeture antérieure, par hypoextensibilités musculaire et faciale. Notre but va être de corriger dans un premier temps la posture du sportif dans la globalité du corps puis dans un deuxième temps de manière plus localisée sur l’épaule. Nous rechercherons à étirer la partie antérieure ainsi que redonner de la mobilité à l’ensemble des articulations qui composent l’épaule puis proposer un programme de rééducation spécifique intégrant toutes les parties précédemment évoquées.