Hrvoje Hrestak : « Être entraineur d’une équipe de France est quelque chose de grand »
Hrvoje Hrestak, le nouveau sélectionneur de l’équipe de France Masculine
Interview réalisée par France Water-polo
Merci à vous de nous avoir accordé un peu de votre temps.
Mis à part que vous venez du club de Mladost, nous savons très peu de choses sur vous. Pouvez-vous nous présenter votre parcours, aussi bien en tant que joueur content qu’entraîneur, votre palmarès… ?
Je jouais dans le deuxième club de Zagreb (VK Medvescak). 8 saisons en 1ère division croate m’ont suffit pour me rendre compte que je ne serai pas un grand joueur. Mon plus grand succès fut une médaille de Bronze aux Championnats d’Europe junior en 1998. Après ma carrière de joueur, j’ai fait des études d’entraineur de Water-polo. Dès que j’ai eu mon diplôme, j’ai travaillé à HAVK Mladost. J’y suis resté 12 ans. J’ai entrainé toutes les catégories d’âge dans le club. J’ai également fait l’équipe nationale Croate. Mon équipe a été plusieurs fois Championne de Croatie et vainqueur de la Coupe. Nous avons également reporté la Ligue Adriatique. En temps qu’entraineur de l’équipe Nationale, chez les jeunes, j’ai gagné le Championnat d’Europe des garçons moins de 17ans, et deux médailles de Bronze chez les U17 et U19. Avant d’être l’entraineur principal de Mladost, j’étais Assistant pendant 4 ans.
Comment s’est établi le contact avec la fédération française de natation ?
Quand j’étais entraineur de l’équipe Nationale Croate jeune, j’ai rencontré deux entraineurs français très ambitieux et plein d’énergie. On a beaucoup discuté, partagé nos expériences et nous sommes entraidés. Nous sommes toujours restés en contact et nous travaillions ensemble très souvent avec nos équipes respectives. Quelques temps après, ces deux personnes sont devenues entraineur de l’équipe Nationale et directeur du Water-polo à la FFN. Ces personnes sont Florian Bruzzo et Julien Issoulié.
Notre collaboration s’est accentuée lorsqu’ils m’ont contacté pour un camp d’entrainement de l’équipe de France. Ce fut un plaisir pour moi de travailler avec des jeunes joueurs et de jeunes entraineurs venant de France. L’entraineur de cette équipe de France jeune était Lucas Heurtier. Après mon licenciement de Mladost, ils m’ont contacté pour l’équipe de France.
Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter le poste ?
La France est l’un des 12 pays qui a participé aux Jeux Olympiques. La France est une grande nation avec des grandes traditions sportives. J’ai vu un gros potentiel et je suis convaincu que la France doit être une grande nation du Water-polo. C’est donc une très bonne opportunité et un grand honneur pour moi. Être entraineur d’une équipe de France, quelque soit le sport, est quelque chose de grand. Étant un grand travailleur, j’ai accepté ce challenge en sachant que ce ne sera pas simple. La France participe à la World League et est qualifiée pour les Championnats du Monde… Avais-je besoin d’une meilleure raison pour accepter ce poste ?
Quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme ?
Il faut voir à Long terme. Ma première mission est de faire oublier le passé aux joueurs. C’est derrière nous maintenant et nous devons désormais nous concentrer vers l’avenir.
Le deuxième objectif est de trouver des jeunes joueurs prêts à intégrer le projet. Pour ces jeunes, il est important qu’ils voient la différence entre le Championnat National et les compétitions de haut niveau.
Si nous réussissons ces deux missions, la troisième sera plus simple à réaliser. Ce 3ème objectif est de devenir une nation qui peut gagner ces grandes compétitions.
Vous venez de faire votre premier match avec l’équipe de France. Comment avez-vous établi cette sélection ?
Comme je l’ai dit auparavant, j’ai beaucoup travaillé avec Florian Bruzzo et Julien Issoulié. Nous avons organisé des entrainements communs à plusieurs reprises à Zagreb. J’ai donc pu voir l’évolution de l’équipe de France. Je connais également les jeunes joueurs grâce aux compétitions juniors. Mais bien évidemment, discuter avec ces personnes me fut d’une grande aide.
Et comment trouvez-vous le niveau actuel de l’équipe de France ? Y a-t-il des joueurs sur qui vous allez-vous reposer ?
Nous pourrons parler du niveau actuel de l’équipe de France après avoir joué contre la Croatie et la Grèce. Ces deux rencontres nous permettrons de mieux nous rendre compte de notre niveau. Le fait que nous ayons quelques blessés (Mehdi Marzouki, Alexandre Camarasa, Enzo Khasz…) va fausser la donne, mais ce sera plus clair après le 2ème et le 3ème tour de la World League.
Quels sont les joueurs d’avenir à fort potentiel sur qui vous allez vous appuyer ?
Je n’aime pas donner de noms. Les leaders se montreront d’eux mêmes. Bien souvent, les leaders sont ceux qui ont le plus d’expérience. Je ne dis pas que ce sera le cas dans cette équipe. Il y a peut être un leader parmi les jeunes joueurs. Je ne veux mettre la pression sur personne. Bien évidemment, pour bien jouer nous avons besoin d’avoir une bonne pointe, de bons défenseurs et un bon gardien.
Florian Bruzzo a mis la barre très haute en qualifiant l’équipe de France aux JO pour la première fois depuis 24 ans. Pensez-vous pouvoir y parvenir vous aussi ?
La qualification à Trieste fut une grande victoire pour tout le Water-polo Français et ses fans. Quand j’ai vu l’équipe de France, je savais que ce serait dur, mais pas impossible. J’ai cru en cette équipe et en leurs entraineurs. J’ai vu tous les sacrifices qu’ils ont fait et combien ils ont travaillé dur. Quand on travaille si durement, c’est comme si on se battait pour soi même. Quand j’ai vu la France jouer lors de ce tournoi j’ai vu la volonté dans leurs yeux. Notre but est de rester dans cette direction et continuer de se qualifier pour ces grandes compétitions. Le premier pas est de rester sur cette route mais pas sur ce qui vient de se passer. La victoire peut t’emmener sur la lune, mais il faut savoir revenir à la réalité pour pouvoir repartir ensuite.
D’une manière générale, quelle est l’image du water-polo français en Croatie ?
L’image est en train de changer. Ce n’est pas facile de changer les idées qu’ont les gens, mais la France l’a fait en Croatie. Il y aura toujours des gens qui penseront que le Water-polo ne se joue que dans 5 pays et qu’ailleurs il n’y a rien. On ne peut rien faire pour ce genre de personne.
Et pour vous ?
Comme je l’ai dit auparavant, je vois qu’il y a beaucoup d’investissement dans le Water-polo français. Les gens attendent de meilleurs résultats. Nous devons donc investir plus et aider le Water-polo français à se développer. Je sais que c’est possible. Pour moi il n’a jamais été question de l’image du Water-polo français. La France a toujours formé de bons joueurs et elle aurait mérité un meilleur traitement, d’abord de la part de sa propre fédération fédération et aussi de toute la famille du Water-polo.
Selon vous, qui sera champion de France cette année ?
Pour le moment, je vois 5 équipes qui se battent pour le titre. C’est difficile de faire des pronostics et sachez que je ne suis pas fort dans ce domaine. Il sera très important d’être présent dans les grands matchs. Les blessures peuvent également poser des problèmes si elles ont lieu avant des rencontres importantes. Je souhaite bonne chance à toutes les équipes et une saison sans blessures.
Question vachement con : imaginez une finale Olympique France – Croatie dans 4 ans… pour qui serez-vous ?
Bien évidemment je supporte mon équipe. Dans ce cas, je serais pour la France. Une finale Olympique ???… ça m’irait très bien…