Alexandre Donsimoni et Jonathan Ghesquière, des chemins similaires et qui se croisent
Interview d’Alexandre Donsimoni (Pays d’Aix)
et Jonathan Ghesquière (Tourcoing)
Il y a un peu plus de dix ans, les deux hommes n’auraient peut-être pas imaginé en être là aujourd’hui. En 2009, le Pays d’Aix devenait champion de Nationale 1 et accédait à l’élite. Les Tourquennois, quant à eux, vivaient leur première descente dans la division inférieure avant de revenir, parmi les grands, en 2012. Il y a un peu plus d’une semaine, les deux coachs tentaient de se qualifier pour la phase principale de la Ligue des Champions, mais malheureusement le billet pour la plus prestigieuse des coupes d’Europe était sans doute un objectif un peu trop élevé. Quoiqu’il en soit, Aixois et Tourquennois auront l’occasion de continuer leur campagne européenne en Eurocup en décembre prochain.
Une évolution considérable pour Alexandre Donsimoni et Jonathan Ghesquière qui collaboreront très prochainement en tant qu’entraineurs de l’équipe nationale U15.
Nous avons souhaité les rencontrer afin qu’ils reviennent, pour nous, sur cette épopée en Ligue des Champions, ainsi que sur leur nouveau rôle de sélectionneurs nationaux.
France Water-Polo : Quel bilan tirez-vous de vos clubs respectifs sur cette phase préliminaire de Ligue des Champions ?
Alexandre Donsimoni : On a montré qu’on était capable d’élever notre niveau de jeu, que les expériences répétées nous ont aidé mais que la Champions League reste au dessus en terme de performance. On se souviendra néanmoins longtemps dans notre carrière de ces rencontres.
Jonathan Ghesquière : On en retient un bilan plutôt positif, l’objectif était d’aller se mesurer à de grandes écuries européennes et nous avons su répondre présents ! On devait à nouveau se faire connaître sur la scène européenne et nous l’avons fait en obtenant le respect de nos adversaires.
FWP : Qu’avez-vous pensé de la performance de l’autre club français engagé ?
AD : Tourcoing revenait aux affaires européennes après 20 ans d’absence et ils ont joué avec cette même « insolence » positive qui les a fait évoluer très rapidement ces dernières années. C’est très positif pour le polo Français et je suis très content pour eux et pour Jonathan qui caractérise cet état d’esprit.
JG : Le Pays d’Aix était dans une poule extrêmement relevée, d’autant plus avec l’absence du club grec. Ils ont su rester vaillants et se battre avec leurs armes ! Il ne faut pas négliger l’absence de Sébastien Monneret qui est un joueur de très grande qualité et régulièrement présent dans les grands moments… Avec lui ils auraient pu créer là sensation de ce tour préliminaire.
FWP : Que vous a-t-il manqué pour passer ?
AD : Plus d’expériences, de moyens, de folie, de chance et surtout de travail. C’est un ensemble de choses qui doivent coïncider.
JG : Il nous a pas forcément manqué grand chose mais à ce niveau là tu dois faire preuve de lucidité et de sang-froid face au but et on a trop gâché dans ces situations.
FWP : Rivaliser face à des clubs comme l’OSC, Radnicki, Terrassa ou le Sintez Kazan pour Tourcoing et Szolnok et Mladost pour le PAN, était quelque chose d’inespéré il y a encore quelques années. Aujourd’hui, on peut même avoir des regrets sur l’élimination quand on voit l’adversité que vous avez proposé. Où en est le Water-Polo français, aujourd’hui, en comparaison avec les plus grandes nations ?
AD : Moi je n’ai pas de regrets véritables. Nos échecs doivent nous servir et nos victoires nous nourrir. Notre évolution depuis des années est positive. Ce qu’on a fait est dans cette lignée et je suis particulièrement fier du parcours de ce club. Le polo Français n’a jamais été aussi fort et ne le sera sûrement jamais plus. C’est également une montée en puissance progressive, cette émulation est responsable du niveau des clubs.
JG : On ne va pas faire la langue de bois mais peu de personnes nous voyaient réaliser ces performances là lors du tour préliminaire de Champions League ! Nos résultats sont flatteurs mais s’endormir là-dessus serait la plus grande erreur que mes joueurs puissent commettre… Je pense que le water-polo français véhicule une image plus positive sur la scène européenne. Des équipes comme Noisy-le-Sec, Strasbourg, Aix en Provence et Marseille valorisent chaque année le water-polo français sur la scène européenne ! Je pense sincèrement que Noisy-le-Sec, avec son équipe cette année, peut performer et aller très loin en Eurocup… Je leur souhaite sincèrement. On n’est plus très loin de ces équipes mais être proche sur une année c’est bien, l’être sur la durée ce serait magnifique !
FWP : Votre campagne Européenne n’est pas terminée puisque vous allez jouer l’Eurocup. Que pensez-vous du tirage et quelles sont vos chances de qualification ?
AD : Pour une fois on a eu un tirage plutôt positif même s’il ne faut rien présager. On devrait passer mais on veut aussi le faire avec Brio et prendre notre revanche sur Vouliagmeni qui nous a éliminé l’an dernier.
JG : Comme je l’ai déjà dit précédemment si tu veux aller plus loin dans la compétition, il te faut forcément te confronter aux meilleurs ! Le groupe nous satisfait, il y aura de l’adversité et si on passe le tour, on prouvera qu’on a notre place sur la scène européenne…
FWP : Vous venez tous les deux d’être nommés à la tête de l’équipe de France U15. Quels sont les espoirs sur cette génération ?
AD : Il faut y ajouter Alexandre Colin car on formera un trio auquel s’ajoutent six entraîneurs responsables de zone issues d’un découpage de la France. Cette collaboration inédite est un partage qui nous représente bien. Les espoirs ne naîtront qu’à l’issue d’un travail commun, ça fait trop longtemps qu’on est en difficulté à l’échelon international. On ne révolutionnera rien sans une direction fédérale forte et un travail de concert. Cette sélection peut être un premier pas mais il appelle à beaucoup de remise en question de notre part.
JG : C’est un honneur pour moi d’assister Alex dans cette mission. Pour ma part les objectifs seront fixés en fonction du tirage au sort des poules en cas de qualification lors du Tournoi de Qualification aux Championnats d’Europe !
FWP : Quels sont vos objectifs et comment comptez vous les atteindre ?
AD : On veut déjà se qualifier pour les Europe. Le passé nous a montré que ce n’était pas simple. Ensuite, il y a quelques années, j’ai eu la chance de finir dans le top 8 européen avec deux générations avec Gilles Madelenat et de faire deux championnats du monde… c’était les derniers. La France doit retrouver ce rang là.
JG : L’objectif premier est là, se qualifier avec la manière ! Une chose est certaine rien ne se fera sans travail ! Nous avons déjà commencé à travailler en collaboration avec des responsables de zone ainsi que de nombreux entraîneurs… C’est une nouvelle méthodologie qu’Alexandre Donsimoni a voulu apporter et je pense qu’elle portera ses fruits. Voir les équipes de France figurer régulièrement dans le top 10 sur chaque compétition est un objectif à moyen terme ! La marche est haute mais si chaque joueur et chaque entraîneur travaillent avec méthodologie et détermination, je ne vois pas pourquoi on n’y arriverait pas…