Tony Azevedo, la légende américaine

Interview réalisé par France-waterpolo

 

https://youtu.be/5s7rem3EjSw

Bonjour Tony, depuis 2013, tu évolue au Brésil dans le club de Sao Paulo, dans le but de faire progresser l’équipe et le water-polo brésilien : après 4 ans quel bilan tires-tu de ton arrivée ?
Je suis heureux d’avoir pu aider SESI à remporter ses premiers titres de Sao Paulo et de Championnat National. SESI possède aussi l’un des programmes de jeunesse le plus solides dans le pays. Faire de SESI un grand club en jouant pour eux n’était pas le seul objectif, mais aussi de circuler, m’adresser aux jeunes et encourager les jeunes athlètes à pratiquer ce sport.

Qu’est ce qui t’as poussé à partir au Brésil ?

Une fois que Rio a remporté la candidature olympique, on m’a offert l’occasion de retourner dans mon pays de naissance, je ne pouvais pas dire non alors que j’avais toujours voulu jouer au Brésil, je savais que c’était le bon moment.

Comment juges-tu le niveau du water-polo brésilien par rapport au niveau nord américain et européen ?

Le Brésil a encore besoin d’être exposé à plus de jeux, de matchs et de plus longues périodes de formations et d’entraînements. Mais les athlètes et leur talent sont de très haut calibre.

A 35 ans le plus gros de ta carrière est derrière toi, quels sont tes projets futurs ? Comptes-tu rester dans le water-polo après ?

J’ai joué au water-polo durant 28 ans, dont 20 années au niveau olympique. J’ai appris tellement qu’il n’y a aucun intérêt à ce que je m’éloigne de ce sport dans les années à venir. Mon projet est de faire tout les efforts possibles pour rendre le Water-Polo meilleur et plus grand qu’il n’a jamais été. Et c’est très important pour moi de créer des possibilités qui inspirent la prochaine grande génération de joueurs de Water-Polo.

Plus tard, je prévois d’encadrer des enfants dans un cadre individuel, où je peux vraiment leur apprendre les techniques et les stratégies mentales, que j’ai apprises quand j’étais jeune.

Je veux créer également un tournoi de jeunes appelé les jeux aquatiques. C’est un nouveau type de tournoi de Water-Polo où mon équipe et moi-même nous nous efforcés pour créer des occasions uniques d’apprentissages et d’inspirations. Je suis déterminé à ce que ces Jeux se concentrent sur le haut niveau (avec les Olympiens derrière pour aider et améliorer), mais avec du fun et une atmosphère comme aux jeux olympiques dans un format plus petit avec une cérémonie d’ouverture etc. Cela donnera aux enfants un avant-goût de l’excitation qui entoure une compétition sérieuse. Aussi, je veux finir par créer une ligue professionnelle de Water-Polo aux USA.

Après presque 20 ans dans l’équipe nationale américaine, tu as décidé de mettre un terme à ta carrière internationale après les jeux de Rio, quel est ton meilleur souvenir avec cette équipe ? Et ton pire souvenir ?

Mon meilleur souvenir en tant que membre de l’équipe américaine était de battre la Serbie en demi-finale des Jeux olympiques de 2008. C’était la première fois que nous avions battu la Serbie depuis près de 8 ans, et la victoire nous a permis d’accéder au match pour la médaille d’or.

Mon plus mauvais souvenir avec l’équipe américaine était lorsque nous avons perdu en Australie aux Jeux olympiques de 2012. La perte contre l’Australie nous a fait chuté à la 8ème place (et nous avions gagné la médaille d’argent en 2008). Le plus frustrant était qu’on avait le potentiel pour battre l’Australie, mais nous n’avons pas su nous ressaisir mentalement ensemble.

L’équipe américaine n’a pas réussi à passer le premier tour lors des derniers Jeux Olympiques, as-tu une explication ? Est-ce une mauvaise préparation ?

Lors des jeux de Rio, nous étions la plus jeune équipe en compétition. Je n’aime pas utiliser ceci comme une excuse, mais cela signifiait que beaucoup de nos joueurs étaient moins expérimentés. Ce qui est une bonne chose car cette jeune équipe américaine est maintenant arrivée à maturité ! A un point où ils peuvent gagner les prochains Jeux olympiques.

Dans ta carrière, tu as évolué dans certains des meilleurs clubs européens comme le Jug Dubrovnik : que retiens-tu de ton passage en Europe ?

Aux USA, nous jouons un jeu très horizontale : beaucoup de natation, beaucoup de mouvement. En Europe et avec le JUG j’ai appris à jouer un jeu vertical (lecture statique qui est centrée sur la pointe, plus physique). Ce style vertical du jeu a fait de moi le joueur que je suis aujourd’hui et m’a aidé à bien jouer aux Jeux olympiques de 2008. En Europe le Water-Polo est également considéré comme une profession à part entière, ce qui m’a permis de me concentrer sur le jeu comme jamais auparavant.

Qu’est ce qui différencie un grand club comme le Jug à un club classique ?

JUG est un exemple du Club de Water-Polo ultime qui joue constamment à un niveau élevé. Pour cette raison, il n’y a plus d’attente pour les joueurs : on doit à gagner. La deuxième place n’est pas assez bonne, la deuxième place est un échec.

A Rio, les USA ont battu la France 6-3. Qu’as tu pensé du niveau des Français qui participaient à leur premiers J.O depuis 1992 ?

J’ai été impressionné par l’équipe de France. Ils avaient beaucoup de joueurs talentueux et je crois qu’à l’avenir la France pourrait avoir une présence régulière aux Jeux olympiques.

Comment le water-polo est-il médiatisé au Etats-Unis ? Le water-polo européen est-il suivit en Amérique ?

Aux Etats-Unis, nous n’avons pas fait un bon travail pour suivre le Water-Polo européen. Avec plus de technologie et de sites avec la vidéo, je pense que ça ira mieux, mais en raison du décalage horaire et le manque de divertissement dans le jeux, les joueurs américains sont les seuls qui connaissent et suivent les européens pendant les Jeux olympiques.

Nous avons l’habitude de terminer nos interviews par une question stupide : dans quel club français aurais-tu aimé jouer ?

Marseille !! Ça a toujours été un rêve de jouer là-bas mais malheureusement ce rêve n’est jamais devenu une réalité. 

 

English version

France-water polo : Hi Tony, since 2013, you play in Brazil in the club of Sao Paulo, in order to advance the team and the Brazilian water polo: after 4 years what balance do you take of your arrival?

Tony Azevedo : I am happy that I was able to help SESI win its first Sao Paulo and National Championship titles. Now SESI also has one of the strongest youth programs in the country. SESI was a great club because not only did I play for them, my focus was also on going around, speaking to youth and trying to encourage young athletes to play the sport.

What prompted you to go to Brazil?

Once Rio won the Olympic bid and I was offered the opportunity to go back to my birth country, I couldn’t say no. I had always wanted to play in Brazil, and I knew the time was right.

How do you judge the level of the Brazilian water polo compared to the North American and European level?
Brazil still needs to be exposed to more games and longer period of training. But the athletes and the talent are of very high caliber.
At 35 years the biggest of your career is behind you, what are your future plans? Are you staying in the water polo after?

I’ve played polo for 28 years, with 20 of these years at the Olympic level. I’ve learned so much that there’s no point in my stepping too far outside the sport in the coming years. In fact, my future plans center on several efforts to make water polo bigger and better than it’s ever been. And it’s very important to me to create opportunities that inspire the next generation of great water polo players. To that end I plan to mentor kids in a one-on-one setting where I can really teach them the techniques and mental strategies I learned when I was young. I’m also starting a youth tournament called the Aquatic Games. It’s a new kind of water polo tournament where my staff and I are thinking outside the box to create unique opportunities for learning and inspiration. I’m determined that the Games focus on high-level play (with Olympians on deck for feedback), but in a fun mini Olympics-style atmosphere with an opening ceremonies etc. This will give the kids a taste of the excitement that surrounds serious competition. Also, I eventually want to create some kind of USA professional water polo league.

After almost 20 years in the US national team, you decided to put an end to your international career after the Rio games, what is your best memory with this team? And your worst memory?My best memory as a member of Team USA was beating Serbia in the semi-finals of the 2008 Olympics. It was the first time we had beaten Serbia in almost 8 years, and the win advanced us to the gold medal match. My worst memory with Team USA would have to be when we lost to Australia at the 2012 Olympics. The Australian loss dropped us to 8th place (and we had won the silver in 2008). The frustrating part was that we had the potential to beat Australia, but didn’t pull together mentally.

The American team did not manage to pass the first round during the last Olympic Games, do you have an explanation? Is it bad preparation?

At the Rio Games we were the youngest team competing. I don’t like to use that as an excuse, but it meant a lot of our players were less experienced. What’s good is that this younger USA team is now maturing to a point where they can win at the next Olympics.

In your career, you have evolved in some of the best European clubs like the Jug Dubrovnik: what do you remember of your passage in Europe?

In the USA we play a very horizontal water polo game: lots of swimming, lots of movement. In Europe and with JUG I learned how to play the game vertically (static play centered on the 2 meter man, more physical). That vertical style of play made me the player I am today, and helped me play well in the 2008 Olympics.  In Europe water polo is also treated as serious profession, which allowed me to focus on the game like never before.

What differentiates a large club like the Jug from a classic club?
JUG is an example of the ultimate water polo club that consistently plays polo at a high level. Because of this there is much more expectation for players: you are expected to win.Second place is not good enough, second place is failure.


In Rio, the USA defeated France 6-3. What did you think of the level of the French who participated in their first J.O since 1992?
I was impressed by the French team. They had many talented players and I believe that in the future France could have a regular presence at the Olympics.
How is water polo mediated in the United States? Is European water polo followed in America?
In the USA we don’t do a good job of following European water polo. With more technology and sites with video I think it will get better, but because of the time difference and lack of entertaining games, American players only know about and follow Europeans during the Olympics.
We are used to finishing our interviews with a stupid question : In which French club would you like to play?
Marseille!! It was always a dream of mine to play there but unfortunately never came true.

Interviews 8 mai 2017